Dans son célèbre discours de 1976, Caroline Coon présentait le DIY (Do it yourself) comme la pratique caractéristique du mouvement punk naissant. Mais le DIY peut-il être résumé à une simple pratique ? Et plus généralement, une pratique peut-elle être étudiée sans la confronter aux cadres de l’action, aux valeurs ou principes qui la motivent ? En effet, la définition du DIY varie en fonction des champs de recherche mais également en fonction des acteurs, des lieux et des moments dans lesquels elle fait sens. Pratique érigée en concept par le monde des sciences, il désigne tout à la fois la capacité des acteurs à « faire eux-mêmes » dans une perspective d’autonomisation autant qu’une « débrouille », un « bricolage » au quotidien auquel ils seraient soumis. Or au-delà d’un simple régime de pratique, le DIY s’est davantage imposé sous l’influence du mouvement anarcho-punk non seulement comme un moyen mais également comme une fin, c’est-à-dire comme une critique en acte de la marchandisation de la culture, comme une éthique punk. Si la diffusion de musique punk sur les canaux mainstream au milieu des années 90 ou la facilitation à accéder à des musiques plus confidentielles grâce au développement de l’internet ont contribué à reconfigurer ce phénomène, des acteurs et des actrices maintiennent aujourd’hui cet attachement à une éthique punk DIY qui conditionne leur pratique musicale et leur rapport au monde et qui peut, sans doute, être considérée comme une matrice expérientielle de l’autonomie politique. Cette journée d’étude entend donc interroger le DIY comme régime de pratiques et régime de valeurs dans ses rapports privilégiés aux transformations de la scène punk en France au cours des quarante dernières années.