15
septembre 2018
Rencontres locales
Poitiers, Le Confort Moderne
La situation géographique de Poitiers est plutôt enviable : ville universitaire située sur l'axe Paris- Bordeaux, au centre d'un vaste territoire émaillé de petites villes assez proches les unes des autres. Elle rencontre pourtant les mêmes difficultés que ses voisines pour diffuser du punk : absence de lieux pour jouer, public restreint et disséminé, très peu de moyens de communication. C'est de ce constat qu'est née la newsletter Arsenal Sommaire Poitiers, qui a suivi le rock local et régional durant deux décennies (1987-2007).
D'emblée conçu à échelle régionale, constitue rapidement un réseau de dépositaires (bars, disquaires, salles), fédérant des associations punk de toute la région, de Nantes à Bordeaux, de Bourges à La Rochelle et dans les campagnes. À partir de l'Arsenal, il est possible de suivre les différentes vagues musicales liées au punk : punk/new wave au début des années 1980 (Emergency, The Feast, Normale Vitale, Les Voyoux), cold-wave (Odessa et La Strada). La scène punk/hardcore explose au début des années 1990, avec un épisode straight-edge radical et des groupes punk/ hardcore (Seven Hate, Undolor, The Sense), noisy/pop (Liquid Team et Mmoob), des labels (Weird Records, On A Faim !-Label) et une salle de concert, Le Confort Moderne.
Ouvert depuis 1985, le Confort Moderne fait passer entre 1993 et 1996 Biohazard, Suicidal Tendencies, Fugazi, No Means No, Cooper, Grotus, Neurosis, Satanic Surfers, Unsane ou Melt Banana. Sa cour accueille un disquaire indépendant (La Nuit Noire) et des locaux de répétition, autant de lieu d'échanges et de partages pour les musiciens de tous bords. Au cours des années 1990, le punk à roulettes laisse place à un hardcore plus brutal (Tröms, Mortalys, Abdomens, Oxyrius). Mais on peut encore compter sur Epileptic, Myra Lee, Loisirs pour les années 2000, et sur Undolor qui tourne toujours. Traces en forme d'inventaire, les contenus protéiformes de l'Arsenal constituent une matière de premier ordre pour interroger finement quarante ans d’histoire de la scène punk à Poitiers.
Crédits photo Christophe Beaucourt et Nicolas Wissler.
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