Luc Robène et Solveig Serre — Paris, École normale supérieure

Séminaire musique et pouvoir

Quel souvenir avons-nous communément gardé de la musique des XVIIe et XVIIIe siècles ? Souvent présentée comme participant, avec d’autres formes artistiques, de la construction « d’un pouvoir » – que Louis XIV incarnerait de manière absolue –, cette seule affirmation ne suffit pas à saisir concrètement la multiplicité de leurs interactions. La complexité qu’implique cette définition, tant du côté des faits musicaux – genres, agents créateurs et institutions – que de la notion de pouvoir (potestas, potentia, imperium, auctoritas), nous invite à redéfinir ces deux pôles et les différents liens qu’ils entretiennent à l’époque baroque.

Encore au service voire à l’image des pouvoirs en place (religieux, royal, volontés particulières), la musique s’émancipe progressivement de son statut d’instrumentum regni. Le présent séminaire propose de créer un espace de discussion qui permette d’enquêter sur les différents aspects des notions de pouvoir, d’autorité ou encore de puissance interférant aux XVIIe et XVIIIe avec la musique. Leurs natures peuvent différer (figures extra-musicales politiques et/ou morales, marque identitaire d’un groupe social, jugement particulier) ainsi que leurs finalités (canons esthétiques, censure, critiques, jeux mondains). L’étude de la multiplicité croissante des publics au tournant du XVIIIe siècle (cour, ville, Province) ira de pair avec celle de l’évolution des lieux « de décision » (depuis le pouvoir central jusqu’au « bon sens » de l’interprète seul).

Durant les différentes séances, la musique sera considérée dans un sens large. Tous genres, institutions et étapes de création confondus ; depuis les motets et cantates chantés à la Chapelle ou encore le ConcertSpirituel jusqu’aux différents genres opératiques ; depuis l’Académie royale de musique de Paris, jusqu’aux tréteaux de Foire, salons privés et scènes provinciales ; depuis l’acte de composition jusqu’à celui de l’interprétation, en passant par la question de l’édition. Le séminaire se concentrera sur la société française sans exclure pour autant de s’aventurer sur d’autres territoires européens afin d’élargir la réflexion autant que possible.

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octobre 2017

Programme