Rencontres locales

Orléans, L'Astrolabe et la Médiathèque

La scène punk à Orléans (1976-2016)

Dès 1976, le punk est en France un phénomène total. La montée de sève qui propulse sur scène des groupes à peine formés et déjà célèbres à l’échelle de leur quartier, de leur ville ou de leur région montre combien le mouve-ment ne se limite pas à un phénomène parisien, même si la capitale constitue un centre de gravité qui attire ou, au contraire, qui suscite méfiance et défiance. La scène punk orléanaise c’est d’abord le groupe Reich Orgasm, créé à Fleury-les-Aubrais en janvier 1978 « le jour de la séparation des Sex Pistols », suivi par Komintern Sect, Les Privés, Un Département. C’est aussi les « crêtes » de la place du Martroi, les concerts de la salle du Baron. C’est encore la création du label Chaos Productions, par les membres de Komintern Sect, Reich Orgasm et leurs alliés (Kidnap de Blois, No Pub). Le label indépendant participe à la promotion du punk régional en France sous forme de compilations essentielles (Apocalypse Chaos, Chaos en France) et organise le sulfureux Chaos festival en 1984 à la salle du Baron.
À la fin des années 1980 et au début des années 1990, deux associations majeures voient le jour : Phoque Aime All et Hollow Produkts. Elles ont contribué largement à promouvoir la scène punk locale, nationale et interna-tionale à Orléans et dans son agglomération : salle des fêtes de saint Jean de La Ruelle, Le Garage, l’Impasse, etc. Dans les années 1990, Burning Heads, créé au milieu des années 1980 sur les cendres des aînés, s’impose comme une référence incontournable du punk en France. Le festival Rock d’Orléans accompagne ce mouvement alors qu’en ville le réseau des bars favorise une transmission plus souterraine du punk. Les K7 s’écoutent et s’échangent au comptoir : punk français au Carreau des Halles et punk californien au Bar Bourgogne. Les disquaires de Music Please, Tiag Record, jouent un rôle crucial dans la découverte de cette musique.
En 1999, la création de L’Astrolabe répond aux besoins de salle et permet aux associations d’organiser certains de leurs concerts punk (SN8FU, Antirouille, Krawa, Kside, King of loose, Defi). D’autres assos comme PP&M portées par le terreau punk local (Burning Heads, Monde Merde, Buried Option) produisent des disques sur leur label Opposite Prod, organisent des concerts sur des formats alternatifs (petites salles, bars). La scène punk à Orléans c’est enfin le hardcore des Keneda ou Gravity Slaves, ou l’asso Orlinz’s Dog qui promeut le punk au Dropkick et au 108.
Cette journée d’étude consacrée à l’histoire du punk à Orléans s'est intéressée à la singularité de cette scène, aux jalons historiques qui marquent ses développements. Elle a éclairé les réseaux et tensions qui définissent ses ancrages locaux, et régionaux, entre Paris, Blois, Tours, ainsi que les points chauds de la région, elle a questionné son identité au cœur du punk national et international.

15

avril 2023

Appel à contribution

Affiche

Programme

Frédéric Robbe, Sarah Doucet et Karl Verdot — Mot d'introduction

Luc Robène et Solveig Serre — PIND c'est quoi?

Nicolas Lahaye — Enseigner le chaos

Mihaï Fuiorea — Le punk d'Orléans: entre lo-cal et global, entre national et international

Table ronde — Sur les traces du punk historique

Table ronde — Une histoire collective

Conclusion — Éric Pautard, Luc Robène et Solveig Serre