28
July 2023
Lexique franco-punk
François Guillemot et Rémi Pépin
À ce noyau dur venaient se joindre occasionnellement d’autres acteurs de la scène alternative tels que François Guillemot (plasticien et chanteur de Bérurier Noir), Laurent Katracazos (guitariste de Guernica et Bérurier Noir), tous deux membres de Actes Énergie Perdue, ainsi que Jean-Yves Prieur (guitariste de The Brigades), cofondateur de Rock Radical Records. Se connaissant depuis le lycée, les quatre protagonistes partageaient des choix esthétiques communs allant des avant-gardes les plus radicales du début du siècle (dadaïsme, expressionnisme) jusqu’aux détournements graphiques du groupe Bazooka, en passant par les Actionnistes Viennois ou les expériences visuelles autant que sonores de groupes anglo-saxons tel que Throbbing Gristle ou The Residents. C’est lors de leur passage dans l’atelier de Michel Journiac, plasticien enseignant à la fac d’arts plastiques Saint-Charles à Paris, que l’association fut montée. Souhaitant appliquer à l’art contemporain le même genre de traitement que le punk rock à la musique, et naviguant sans cesse entre provocation et exigence plastique, le collectif pouvait tout à la fois « s’inviter » à la Biennale d’art contemporain au centre Georges Pompidou (La Viande hurle dans ma mémoire, 1982), organiser une conférence-happening plus que cryptique à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, tout en continuant de participer à des évènements liés à la mouvance alternative de l’époque. Une partie de leurs productions tint lieu de décor au concert Guernica/Bérurier Noir de l’Usine PaliKao, le 19 février 1983. En parallèle à ces interventions en extérieur, ils investirent entre 1983 et 1985 une galerie dans le XIIIe arrondissement de Paris, rue Bourgon, où ils organisèrent une série d’expositions autour de thématiques récurrentes principalement axées autour de la question de la représentation du corps (La Viande 1 et 2, La Tête). Les vernissages de ces évènements étaient l’occasion de télescopages entre les acteurs les plus radicaux de la mouvance, les habitants de ce quartier populaire de Paris et quelques acteurs de l’art contemporain. Le lieu, quoique situé dans un quartier excentré de la capitale, devint rapidement un point de rencontre et permit la diffusion des productions alternatives (fanzines, cassettes autoproduites).
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