Lexique franco-punk

Olivier Penot-Lacassagne

After-punk

5 November 2023
NovöVision ou les Confessions d’un cobaye du siècle d’Yves Adrien paraît en 1980. Depuis le jaillissement punk de 1976, le temps a passé très vite.

NovöVision ou les Confessions d’un cobaye du siècle d’Yves Adrien paraît en 1980. Depuis le jaillissement punk de 1976, le temps a passé très vite. Livre de l’after-punk, NovöVision en dépeint avec brio les mornes lendemains désabusés. L’auteur y est un personnage créé par une « main invisible », le robot Orphan, qui est à la fois son double et sa figure du commandeur. Couvrant l’année 1979, cette autofiction fantastique commence à Paris, où Adrien atteint les « limites de l’ennui », pour se poursuivre à New York, puis à Londres. Hôtels, boîtes, clubs, rencontres des figures majeures des scènes musicales new-yorkaise et londonienne rythment cet opus entrelaçant souvenirs, bribes de conversations, bouts de chansons, coupures de presse et divagations imaginaires. Le punk y est évoqué en toile de fond, comme une « mode » périmée à laquelle succède une « génération TV »: mouvance « non pas née du chômage mais du carnage » médiatique, de tout ce que la télévision, nuit et jour, offre d’images stupides, violentes et fascinantes. Très vite le punk s’est donc délité. D’autres modes, dont Adrien attend qu’elles trompent l’ennui de cette décennie finissante, le remplacent. Le regard rétrospectif jeté sur ce qui n’est plus le cri de révolte d’une minorité « barbare », mais un adjuvant supplémentaire, aléatoire et transitoire, au Spectacle quotidien, est cynique et désenchanté. Chaque époque n’a-t-elle pas besoin de nouveauté? « Les modes futures balayaient l’horizon 80 », écrit Adrien. « Néant Novö », pour tromper l’ennui.

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