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February 2024
Lexique franco-punk
Luc Robène et Solveig Serre
À lampes ou à transistors, en version combo d’un seul bloc ou double corps avec tête et baffle, l’amplificateur, communément nommé ampli, constitue un élément crucial du punk tant par sa puissance sonore que, souvent, par son poids et sa taille – redoutables pour le dos des roadies et souvent peu adaptés au coffre des voitures. Destiné à projeter au plus loin les trois sacro-saints accords du punk, la puissance de l’ampli est au gratteux ou au bassman ce que les piles sont au vibromasseur : l’énergie qui met en branle l’orgasme sonore et connecte les petits keupons au grand tout du rock. L’ampli punk idéal ? D’aucuns diront que c’est celui qui crache les watts à volonté et génère le son qui plaît tant aux pogoteurs. Une orgie de décibels « tout à fond », fabriquée à partir d’appareils picaresques bricolés avec des pièces tombées du camion façon Métal Urbain, relevant des généreuses distorsions des Marshalls à la manière de Bérurier Noir ou des Sheriff, ciselant des accords tranchants dans la chaleur des twin reverbs tels Sex Pistols ou Strychnine, et dans la puissance brutale des Vox genre Arno Futur ou Noir Désir. Mais le son crade ou déjanté, gras ou coupant, distordu ou claquant se mérite et, s’il le faut, à coups de rangers ! Nombreux sont ceux qui ignorent que cet accessoire indispensable fut à l’origine d’un split mémorable lors du festival punk de Mont-de-Marsan, en 1977. Deux guitaristes encore inconnus – Andy Summers et Henri Padovani, membres du groupe The Police – en vinrent pratiquement aux mains pour bénéficier chacun du meilleur des deux amplis guitare généreusement mis à disposition par les Bordelais de Strychnine. Cette dispute épique scella leur destin : Police se sépara de Padovani, avant de connaître la carrière que l’on sait. Quant au Corse, émigré à Londres, il partagea la vie de nombreux groupes punk en Angleterre et ailleurs. Veni, vidi, ampli !
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February 2024